Un jeune guinéen s’interroge : « la Guinée réussira-t-elle le changement ? »

16 avril 2011

Un jeune guinéen s’interroge : « la Guinée réussira-t-elle le changement ? »

Le concept ‘’ Changement’’ est le terme qui a presque été le ‘’leitmotiv’’ des masses populaires de la Guinée depuis le vivant même du feu Président Lansana Conté. Et cela, à chaque fois que les besoins fondamentaux des populations deviennent de plus en plus précaires, voire même quelque violation flagrante des droits des hommes par la classe dirigeante. A cet effet, des manifestations populaires du janvier et février 2007qui furent brimées dans le sang et des atteintes graves à la valeur humaine, en passant par celles des policiers qui demandaient légitimement leurs droits dont le feu leur avait été ouvert, jusqu’au carnage du 28 septembre 2009 au stade du même nom, où la tragédie avait atteint presque son comble…sont là des passages sombres de l’engagement du peuple de Guinée à aller de l’avant dans le sens de la démocratisation. Cette volonté du peuple à rompre avec les vielles habitudes à tous les niveaux de la vie politique et administrative, soutenue en grande partie par l’Union Africaine (UA), la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) et la communauté internationale, a conduit la Guinée à un retour à l’ordre constitutionnel en organisant une élection présidentielle qui a porté le Pr. Alpha Condé à la tête de l’Etat. Donc, la réussite de l’homme fort de la République, est sans doute le fruit de toute une gamme de luttes et de contestations pour le bien être des guinéens et guinéennes longtemps méprisés dans leur combat.

‘’Un gouvernement de Changement’’ dit- on, est donc mis en place pour essayer de coudre le tissu social déchiré pour qu’ensemble, aller vers le progrès national et international afin de recouvrer non seulement la confiance de la sous région et de l’Afrique, mais aussi celle de la communauté internationale. Car la crédibilité d’un peuple se définie en fonction de la légitimité de son appareil politique et des institutions républicaines en place, estiment certains analystes politologues.

L’on se rappelle que depuis la cérémonie de l’investiture du Pr. Alpha Condé à la tête de l’Etat, c’était tout un vif d’engouement manifesté par le peuple, surtout à la tête, un Président Civile qui a longtemps peint les exactitudes auxquelles le bas peuple était victime. Car selon certains citoyens, la formation même du gouvernement du Professeur, était entassée de critères de récompense que d’efficacité. Chose qui est grave pour un gouvernement qui se veut réconciliateur et promoteur de lendemains meilleurs, s’indignent quelques citoyens de la capitale. Donc, la question de la réconciliation nationale devrait primauter sur tout pour ainsi asseoir une base dans la consolidation de l’unité nationale et projeter les perspectives de progrès.

Parlant de la gestion du pouvoir par le Pr. Alpha Condé, bon nombre de guinéens sont aujourd’hui surpris du retour sans faille des anciennes pratiques. Notamment l’affairisme dans la gestion administrative, car selon nos sources, un des responsables au ministère de l’économie et des finances se livre de nos jours à racketter les gens en les faisant retirer une de somme de 3.500.000fgs pour accéder à la fonction publique. ‘’ C’est dans ça que nous faisons nos affaires. J’ai trois places à savoir : deux à la justice et un à l’enseignement pré universitaire. Il suffit de nous présenter tes dossiers complets et la somme de 3.500.000fgs pour se voir dans le fichier de la fonction publique’’, nous a lancé un des responsables du département de l’économie et des finances, gardant l’anonymat.

A cela s’ajoute l’injustice faite à la classe des fonctionnaires civils de l’Etat où on a augmenté le salaire des militaires sans pour autant songer à celui des autres fonctionnaires. Pourtant, ils sont nombreux ces guinéens qui disent en ces derniers temps que l’armée a beaucoup plus pillé l’économie nationale que toute autre classe sociale. D’ailleurs, à en croire aux déclarations des uns et des autres de ces cadres, l’abandon du secteur de l’éducation est une chose condamnable. Car selon eux, ces enseignants sont laissés pour compte et quelque part non écoutés dans leurs cris de cœur. Ce que justifie la revendication des enseignants chercheurs dans nos universités qui, après, dit-on, un an de service, ils ne sont ni primés, ni salariés. Ils volent de leurs propres ailles, ont lancé ces centaines de jeunes homologues dans diverses institutions d’enseignement supérieur du pays. Et que l’Etat reste silencieux là- dessus, précisent un des enseignants.

Sans oublier aussi le refus de payement catégorique des rappels de salaires des centaines d’autres jeunes enseignants sortants de l’Institut Supérieur des Sciences de l’Education de Guinée (ISSEG), promotion 2009, après avoir servi durant un an sans salaire ni prime. ‘’ Nous ne sommes pas comme les autres, en revendiquant leur droit s’attaquent aux personnes et à leurs biens. Il faut que nous nous retrouvions en un endroit pour enfin décider, car certains d’entre nous sont à l’intérieur du pays. Pendant des vacances, nous ferons de notre mieux pour que l’autorité en place se saisisse de notre cas, faute de quoi, nous bouderons les prochaines rentrées des classes’’, nous a confié un des représentants de l’Association des enseignants engagés en 2009.

S’agissant des manifestations des recrus en formation dans les centres d’infanterie du pays, il serait dommage que certains parmi ces jeunes soient encore mis de côté, quand ils ont demandé leur immatriculation pour leur prise en charge, il y a de cela deux ans (cas de Kissidougou). Car le danger est énorme, puisqu’on ne peut pas comprendre que celui qui a suivi une formation militaire durant deux ans soit chassé des rangs, c’est un Rebel en attente, se lamente un des officiers de l’armée.

Dans le cadre du panier de la ménagère, tout ne semble pas être merveilleux. Car du jour au jour, le marché présente un visage austère aux yeux des guinéens dont les revenus mensuels sont précaires. Il faut donc, selon quelques spécialistes, encourager la promotion de la productivité interne, tout en partant des bases d’une réconciliation réussie, au lieu de responsabiliser certaines couches sociales comme vecteurs des maux dont souffre le pays ou mettre en place une chasse aux sorciers.

Au niveau de la gestion politique, il semble être en place un handicap entre la classe dirigeante et l’opposition. D’un côté, on exige la tenue des élections législatives dans un délai de trois mois et de l’autre la reprise des activités de recensement, comme pour dire que celles qui on portées le Pr. Alpha Condé au pouvoir, n’étaient pas bien faites. Ce qui donne à justesse le bien fondé de cette boutade lancée par un des analystes de la place ‘‘la politique, c’est un jeu qui exclu le sentiment et la raison’’

En tout cas, à l’allure où vont les choses, tout porte à croire que le Changement que le peuple de Guinée a payé et continue de payer par son sang, semble s’illusionner au-dessus des préoccupations des populations.

Tamba Oularé

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Commentaires

charlène
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je crois au changement mais il ne faut pas sauter les étapes tout peuple est appeler à grandir à évoluer