Dakar vit le retour des talibés

Article : Dakar vit le retour des talibés
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1 novembre 2010

Dakar vit le retour des talibés

La loi sur la mendicité au Sénégal est-elle tombée en désuétude ? Était-elle du bluff ? Le gouvernement voulait-il tester les chefs religieux ? En tout cas les mendiants sont de retour.

Il y a à peine quelques mois (août 2010) que le gouvernement sénégalais avait lancé une chasse aux mendiants à Dakar. Parmi eux, des enfants de moins de 12 ans : les talibés, originaires des zones rurales et d’autres pays de la sous-région. Une loi interdisait donc ce que le gouvernement sénégalais a appelé « la traite des personnes ». Le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait déclaré, suite à un conseil interministériel consacré à la lutte contre ce phénomène, que « tout mendiant trouvé dans les rues aura affaire aux forces de l’ordre ». La menace avait belle et bien été suivie d’effet ; les rues de la capitale avaient été « assainies ». Certains marabouts responsable de la mendicité des enfants ont été jugés et condamnés.

Mais s’agissait-il d’une réelle volonté du gouvernement de mettre fin à ce phénomène que  beaucoup de sénégalais déplorent mais taisent pour des raisons qu’on ignore ? En tout cas cette loi semble tombée en désuétude. Il suffit de faire un pas, aujourd’hui, à Dakar pour rencontrer un enfant qui te tient la main ou cour après toi pour demander des pièces. Ces enfants sont complètement de retour et rien se dit à propos. Pas d’écoles, ni de « case des tous petits » pour eux, même pas d’affection parentale. Ils sont laissés pour compte, par des marabouts véreux, dans les rues de  la capitale. Ces enfants sont obligés de rentrer le soir avec une somme d’argent que leur marabout leur impose, faute de quoi ils subissent des sévices corporels.

Les chefs religieux ont menacé  

Lorsqu’on interdit aux gens qui n’ont pas d’autres moyens que mendier, il faut bien trouver autre chose pour eux. La loi n’a donc pas duré parce que certainement il n’y a eu aucune mesure d’accompagnement. Il faut dire aussi que le gouvernement voulait négliger certaines considérations sénégalaises et même africaines qu’il n’est pas censé ignorer. Il s’agit de la croyance aux sciences occultes. Rares sont, en effet, les africains qui ne consultent des marabouts pour telle ou telle chose et il en sort toujours des sacrifices. A qui faut-il les donner ? Sous la menace des chefs religieux, le gouvernement a finalement cédé et Dakar retrouve ses talibés « adorés ».

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Commentaires

Cheikh DIATTA
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Le quiproquo sur l'interdiction de la mendicité dans les rues a été la énnième boutade de la part du gouvernement. Et cela montre, encore une fois que l'improvisation et le manque de coordination sont érigés en régle, au plus haut niveau de cet administration.

Ameth DIA
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C'est vrai qu'ils ont l'air d'avoir reculé mais un ministre (j'ai oublié son poste) a été nommé pour se charger de cette question. Peut être essaie-t-il de trouver une autre solution. Pour ma part, si on arrive à faire disparaître la mendicité des enfants, ce serait déjà un bon début.

Soumah
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c justemen ce qui est à combattre, ces enfants aussi ont droit à l'éducation, à l'amour comme tous autres. mais malheureusement ils sont cruellement exploité à dakar sous les yeux de tout le monde sans réaction importante

dieye
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Mais ce n'est non plus bien ,l'idée de les evacuer vers les lieux de cultes !dans ce cas que feront les chefs religieux comme reaction!!

Boukari Ouédraogo
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Moi cette histoire me rappelle le roman "la grève des Battù". La mendicité à l'heure actuelle est une question de pauvreté. Pour lutter contre cela, il faut des actions pour sortir le pays de la pauvreté. Quand certains dorment dans des villas, sous des climatiseurs et claquent les doigts, ils oublient qu'il y a des gens qui dorment sur des nattes.

Soumah
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c vrai que la mendicité est une question de pauvreté mais pour le cas des enfants je refusent de l'admettre parce que je crois ça ne passe pas ainsi dans les autres pays. pour le cas des enfants il s'agit d'une "traite des personnes" j'ai choisi l'expression du gouvernement pour qualifier le phénomène parce que je trouve cette expression colle bien à la mendicité des enfants qui des fois à peine 7 ans

TOURE
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C'est comme dans le livre "La Grève des battu" de Aminata Sow Fall, il faudrait vraiment étudier cette question avant toute mesures, les mendiants sont des humains et doivent être traiter comme tel mais surtout dignement. Je vous invite à lire cet ouvrage qui, a été adapté au cinéma en 2000 par Cheick Oumar Cissoko...

Mansour Gaye
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J'ai fait état de cette même situation qui dévoile pour le moment l'échec de cette mesure. J'ai titré l'article SENGAL: LES MENDIANTS SORTENT VAINQUEURS
A lire sur https://mansourgaye.wordpress.com ou https://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/senegal-les-mendiants-sortent
Vive le blogging!

Abibou Diédhiou
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Moi je déplore vraiment cette reculade du gouvernement sénégalais. Il aurait du aller jusqu'au bout de sa logique de façon à évacuer tout ses mendiants de la capitale, et aussi arrêter tout ces marabouts véreux qui exploitent les enfants sans rien leur apprendre parfois. Mais ce qui a fait que cette loi n'a pas survécus c'est principalement l'absence de mesures d'accompagnements(subventionner les daaras, construire des écoles coraniques...).