Le magal et l’œil d’un blogueur

25 janvier 2011

Le magal et l’œil d’un blogueur

La grande mosquée de Touba

Pour ceux qui ne le savent pas, le magal est une fête religieuse d’une des nombreuses confréries musulmanes du Sénégal, les mourides, qui se tient chaque année à Touba, le fief de ladite confrérie. Et bien j’y suis allé cette année, pour la première fois depuis que je suis dans ce pays. Je vous raconte les trucs et trucs que j’ai vus lors de cette rencontre qui a réuni presque la moitié des habitants de chacune des  villes sénégalaises et d’autres africains en un seul lieu.

Ne vous attendez surtout pas à des révélations sur le mouridisme car je suis encore jeune pour sortir de chez moi les pieds devant. Cette confrérie est la plus importante du Sénégal et compte plus de fanatiques que n’importe quelle autre. Donc parler d’elle requiert beaucoup de prudence. Je vais tout de même essayer en espérant que mon article ne portera atteinte à personne.

Avant le départ

Avant de quitter Dakar, samedi dernier, dans une discussion entre amis j’apprends quelque chose qui  me fait mal. En fait, en début de journée du vendredi, pas d’eau ni d’électricité. Je n’avais même pas eu la chance de prendre une douche et un ami dit dans la discussion que l’eau et l’électricité sont réservées pour Touba pendants le magal. Intéressant alors ce magal si l’on doit priver une bonne partie de la population  d’eau et d’électricité pour l’évènement. 

Mini Mecque au Sénégal

Queue pour voir le mausolée d'un marabout

Je ne voudrais pas vous parler de mon voyage parce qu’il a été tellement pénible que j’en souffre encore. En temps normal il faut 4 heures de route pour aller à Touba mais on en a mis 9. Cela parce que le retard est inné à l’africain. Le chauffeur qui devait nous transporter n’est venu nous chercher qu’à midi alors qu’il était prévu de bouger à 5 heures du mat. Je vous épargne tout le reste du mal qu’on a enduré en cours de route.

Arrivée à Touba je remarque une chose : toutes les femmes et jeunes filles sont habillées de façon décente : pas de jeans, pas de jupe encore moins de mini jupe… comme si cette partie du pays ne subissait pas l’influence des médias occidentaux qui ont fini par travestir nos jeunes filles. Il est, en effet, interdit de porter toutes ces choses mais on a oublié les cheveux artificiels que les femmes de Touba mettent toujours bien que la cité soit sous règles religieuses. Pourtant la religion les interdit aussi. Bon, on dirait que les hommes de Touba tiennent à la beauté des femmes parce qu’on croit en Afrique qu’il faut avoir des cheveux long pour être belle. Conneries n’est-ce pas ?

La ville est dirigée par la famille du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. J’ai eu l’occasion de rencontrer l’un des petits fils. Je dois dire que ces gens sont vénérés ici. Je m’en suis rendu compte lorsque quelques adeptes sont venus lui rendre visite alors qu’on était présent. Je ne vais pas raconter la scène pour ne pas m’attirer des foudres mais imaginez quelqu’un qui rencontre son « dieu ».

Quelle injustice !

Des chaussettes remplacent les chaussures

Dès l’entrée de la cour de la grande mosquée il y a des jeunes qui sont là juste pour demander à tous ceux qui viennent d’enlever leurs chaussures. La règle est tellement stricte que d’autres ont préféré porter que des chaussettes pour leur courses dans la ville ; ainsi il n’y a pas de chaussures à enlever à chaque fois qu’il le faut. Ils ont pris le raccourci. Ce que j’appelle injustice c’est le fait qu’un homme ait enfreint cette loi sans que personne n’en parle. Il parait qu’il serait l’un des nombreux marabouts de la cité. En tout cas c’était visible : il était accompagné d’une délégation qui donnait l’impression de le protéger. Je n’ai rien contre lui mais je crois que les lois sont faites pour tout le monde : nul n’est au dessus de la loi.

Le carnage

Petit aperçu du bétail

Lors du magal je crois qu’on a versé plus de sang que pendant le génocide rwandais de 1994. En fait les animaux sont ceux qui souffrent le plus de cette fête. Des dizaines de milliers d’animaux de toute sorte ont été abattus : bœufs, moutons, chèvres, coqs, pigeons, chameaux et j’en passe. Le mangé est donc le bien le mieux partager. Il y a des gens qui n’y vont d’ailleurs que pour manger et ils diront à leur retour (quand on leur demande comment s’est passé le magal ?) on a mangé comme pas possible. Le côté religieux, ce n’est pas leur problème.

Il y en a aussi ceux qui y vont pour voler. En sortant le matin de la maison où on a été hébergé on nous a demandé de laisser toutes nos affaires à la maison au risque de nous faire déplumer. Nous l’avons fait mais sans nous débarrasser de nos téléphones qui nous est chers. Après tout il ne fallait pas qu’on soit définitivement coupé du monde. Nous n’avons pas échappé au vol : en revenant chez nous quelqu’un a piqué le portefeuille d’un de nos amis. Sacré magal !      

Étiquettes
Partagez

Commentaires