Profession : mendiant – Les rues de Dakar prises d’assaut

Bien de gens ne donnent qu’aux handicapés car ils « ont une bonne raison de mendier contrairement à d’autres qui ont tous leurs membres au complet « , pense Mohamed, un commerçant. Mais il n’y a pas que des handicapés moteurs qui mendient. Escortés par un membre de leur famille qui fait office de guide, les non voyants circulent aux alentours des mosquées, des églises ainsi que des hôpitaux, à la recherche d’une âme charitable. S’aidant des versets coraniques qu’ils récitent sans faille, pour rappeler au musulman sénégalais l’un des piliers de l’islam : l’aumône.
L’association des sourds et muets
Quant aux sourds et muets, les transports en commun sont leurs lieux de prédilection. Ils se sont constitués en associations et partagent le même mode opératoire. Ils sont munis d’une feuille sur laquelle sont soigneusement consignées leurs doléances telles que » L’association des sourds muets sollicite votre aide financière « . Ils montent dans un bus, distribuent leurs papiers aux passagers et ceux-ci les leur rendent, le tout accompagné d’une pièce. Après avoir fait le tour d’un véhicule, ils descendent à un arrêt et attendent le bus suivant, pour recommencer leur manège. Certaines personnes commencent toutefois à s’en agacer. « Ce n’est pas parce qu’on est sourd muet qu’on doit refuser de travailler et importuner les gens à longueur de journée « , lance un jeune dans un bus.
Les albinos
Les albinos mendient également. Pour certains d’entre eux, la manche est même un travail à plein temps. En effet, il n’est pas rare de voir une personne dans la rue à la recherche d’albinos pour lui faire une offrande que son marabout lui aurait prescrite. Cette pratique est courante et acceptée dans la société sénégalaise.
Mendier au nom de la religion ?
Les bayes fall sont des mendiants à part. Ce sont des jeunes hommes robustes et sains, habillés d’une multitude de boubous, les rastas noués avec un foulard et la taille ornée d’une ficelle en cuir. Ils s’en vont chaussettes au pied, collecter l’aumône due à leur guide religieux. C’est dans les banlieues de Dakar, où la ferveur des mourides est plus perceptible, qu’ils sont les plus nombreux. Calebasse en main, ils sillonnent les ruelles sableuses, en chantant à gorge déployée les khassaïdes (chants religieux) de Serigne Touba (fondateur du mouridisme). Les bayes fall sont également présents dans quelques quartiers résidentiels de façon sporadique, ainsi qu’aux marchés.
On parle également des talibés. Ils forment le groupe le plus représentatif de mendiants au Sénégal. On les voit dans tous les quartiers de Dakar, de jour comme de nuit. Ce sont des jeunes garçons qui ont entre 5 et 12 ans, venus de l’intérieur du Sénégal. Leurs parents les envoient étudier le Coran chez un marabout. Cependant ces enfants passent le plus clair de leur temps à mendier, pieds nus et vêtus de haillons.
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